chasse au phoques

Par Michel Gourd

La décision européenne menaçant actuellement une industrie vivrière de nombreux peuples autochtones et de communautés côtières canadiennes est le parfait exemple d’une crise mal gérée.

Désireuse de mettre un terme à des pratiques qu'elle juge « répugnantes », l'Union européenne souhaite interdire l’importation des peaux de phoques récoltées inhumainement. Pour ce faire, la Commission européenne adopta le 23 juillet une proposition de règlement interdisant le commerce des produits dérivés du phoque dans, vers et à partir de l'Union européenne. Sans surprise, Loyola Hearn, le ministre fédéral des Pêches et des Océans, réitéra l’opposition du Canada contre toute mesure interdisant la vente de produits de la chasse au phoque. Du même souffle, il met en garde l'Union européenne contre toute mesure jugée extrême dans ce dossier. Peu impressionné, Nicolas Sarkozy, le président français assumant actuellement la présidence de l'Union européenne, a écrit à Brigitte Bardot, vocale opposante à cette chasse, pour lui assurer que tout sera mis en oeuvre pour l'adoption d'un règlement interdisant l'importation des produits dérivés du phoque dans l'Union européenne.

Si ce règlement est appliqué, le commerce des produits dérivés du phoque sera autorisé après avoir prouvé que les techniques de chasse utilisées respectent des normes élevées de bien-être animal et que les animaux n'ont pas souffert inutilement. Le Canada devra démontrer son respect des nouvelles normes européennes. La mesure pourrait nuire considérablement aux nombreux chasseurs de phoques acheminant une partie de leur marchandise dans les ports des Pays-Bas et de l'Allemagne. Cette année, l'abattage de 275000 bêtes a été autorisé an Canada. C’est environ le tiers des phoques abattus chaque année dans le monde.

Double échec
La décision européenne est déconcertante à plusieurs points de vues. Les normes d’abattage standardisées dans cette industrie par le Canada sont actuellement plus humaines que celles utilisées dans plusieurs industries européennes en relation avec les animaux. Le sort réservé aux phoques canadiens est relativement bénin comparé a ce que doivent subir les oies françaises engraissées mécaniquement pour faire du foie gras ou les taureaux espagnols littéralement martyrisés dans des corridas. Plusieurs abattoirs européens ont d’ailleurs des techniques d’abatage moins humaines que celles utilisées par les chasseurs. En réaction, l'Institut de la fourrure du Canada (IFC) estime que la loi proposée par la Commission européenne fait de la discrimination contre la chasse au phoque.

D’un autre côté, le traitement par les autorités canadiennes de tout ce dossier relève de la pure incompétence. Quiconque jugeant l’utilisation de l’agapik comme étant acceptable socialement devrait se demander pourquoi une pratique si peu dispendieuse que de frapper à mort un animal avec un gourdin n’est pas une pratique généralement utilisée par les sociétés protectrices des animaux et les vétérinaires pour l’euthanasie humanitaire des bêtes. Que le gouvernement canadien n’ait pas encore compris, après les crises à répétitions, que les techniques d’abatage et de dépeçage à ciel ouvert utilisé dans cette industrie ne sont plus socialement acceptables est la preuve d’une troublante incompréhension des lois régissant le commerce mondial en ce 21e siècle. En cela, une association de défense des animaux, l'IFAW, appelle actuellement à l’interdiction de cette chasse pour garantir que des produits de phoques tués de façon inhumaine ne continueront pas d'entrer en Europe.

Le compromis acceptable
Une guerre commerciale se profile actuellement entre le Canada et l’Europe. À la suite de l’interdiction de ses produits du phoque, le Canada pourrait réagir par une réglementation plus sévère des charcuteries et produits européens. La population de nombreuses petites municipalités côtières canadiennes utilise les revenus tirés de la chasse au phoque pour compléter ceux provenant de la pêche. Cette bête est d’ailleurs un élément de base de l’alimentation quotidienne de plusieurs tribus autochtones. Les représailles européennes toucheront donc en premier les Canadiens les plus pauvres.

La récolte des bêtes avec des armes à feu ou avec d’autres outils tels des pistolets à décharges électriques létales, puis leur transport sur le bateau où serait maximisée l’utilisation de la carcasse pourrait être une voie de compromis acceptable pour tous. Les phoques canadiens ne sont en aucun cas sauvés par la décision européenne. S’appuyant sur des études montrant l’effet de la surpopulation des phoques sur l’industrie de la pêche, de nombreux Canadiens réclament actuellement l’extermination pure et simple de ces bêtes jugées nuisibles à la régénération de stock de plusieurs espèces de poissons, incluant la morue. Considérant la situation désespérée de nombreux pêcheurs canadiens, la décision des Européens pourrait avoir des conséquences tragiques.
2 commentaires
Commentaires:
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Commentaire de: Marcel Belleau [Visiteur]
Pour moi, toute cette "sentimentalité" autour de la souffrance et du massacre des phoques (ou de n'importe quel autre animal) c'est de la GROSSE BULLSHIT. Les politiciens et les industriels s'en "fouttent" complètement; tout ceci n'est que des prétextes pour protéger leurs marchés et se remplir les poches au maximum.
28/07/2008 @ 12:19 Commentaire de: Richard Kobel [Visiteur]
Quoi, il y a une façon humaine de tuer un animal?!? Brigitte Bardot et ses fanatiques ainsi que les gouvernements européens devraient visualiser les docummentaires de « National Géographique », « Nature of Things » et autres de se genre ou d’allez voir par eux même comment les insectes, plantes, poissons, animaux et autres capturent et tuent leurs proies. Ils verront que notre technique de chasse pour les phoques est très « humaine ». Et les homards eux, qui se font bouillir vivant, les rats en chine qui se font bouillir vivant se n’est pas cruel et douloureux pour l’animal? Il y a des milliers d’exemple qui parviennent de tous pays concernent leurs façons « inhumaine » de tuer un animal. Alors pourquoi les Brigitte Bardot de se monde n’équerrent pas eux au lieu de causer des problèmes et répandre de la merde où il n’y ait pas nécessaire? Je me le demande.

En tout cas il faut que le gouvernement Canadian, pour une foi, tienne ses culottes. Si se règlement est accepté, je souhaite que le gouvernement Canadian en fasse autant envers leurs produits « inhumainement » tués.

De plus, Les Brigitte Bardot et les gouvernements européens sont qui pour nous dicter notre façon de chasser ainsi que gérer cette ressource qui nous appartiens? S’ils ne sont pas comptents qu’ils fassent comme tout gens raisonnables c'est-à-dire de ne pas consommer les produits dérivants du phoque et laisser les autres vivre. Vivre et laisser vivre, ça ne doit pas être des mots dans le vocabulaire des Brigitte Bardot ou trop compliqués pour leur petite cervelle égoïste à comprendre.
http://hebdosblogue.canoe.ca/laviron/2008/07/27/chasse_aux_phoques_un_echec_europeen_et_