Le diabète de type II observé tirerait son origine d'une incompétence des cellules B à
répondre à une demande accrue de sécrétion d'insuline qui, conjuguée à l'effet toxique de
fortes concentrations plasmatiques en glucose puis à l'influence de l'accumulation de fibres
amyloïdes autour des cellules, entraînerait la mort des cellules B et/ou la subsistance d'une
population incompétente de cellules B.
UN METABOLISME “ALIMENTAIRE” ET LIPIDIQUE MODIFIÉ
Intensification de la lipogénèse
La lipogénèse dans le tissu adipeux blanc augmente chez les animaux hyperinsulinémiques
et normoglycémiques, celle du tissu hépatique n'étant pas alors modifiée. Les
animaux hyperglycémiques montrent une augmentation de la lipogénèse hépatique. Le tissu
adipeux brun ne réagit pas à l'hyperinsulinémie ou à l'hyperglycémie par une lipogénèse
modifiée. Cependant, la lipogénèse n'est pas la cause première de l'obésité de l’animal, mais
n'en est qu'une conséquence: son augmentation suit l'obésité mais ne la précède pas.
Leptinorésistance
Le gène de la leptine (gène ob) s'exprime chez le Psammomys au niveau des
adipocytes, il est d'ailleurs bien conservé puisque sa séquence est homologue à 90 % au
même gène murin et à 79 % au gène ob humain.
Le métabolisme du Psammomys insulino-résistant présente des réactions anormales
vis-à-vis de cette hormone en cas de jeûne. Après un jeune de 24 h, le taux plasmatique de
leptine reste non seulement élevé chez le Psammomys insulino-résistant et obèse mais
augmente de 18 % alors que chez l'animal normal ce taux décroît fortement (- 44 %). Pendant
ce jeûne, la glycémie, l'insulinémie et le poids corporel ne varient pas. Ce comportement
surprenant vis-à-vis de la leptine se retrouve chez l'animal normal: celui-ci n'est sensible qu'a
de fortes doses de cette molécule, laquelle se révèle n'exercer aucun effet sur les animaux
obèses diabétiques chez lesquels une sécrétion accrue demeure sans effets.
La Psammomys paraît donc posséder une tendance à la "leptinorésistance", ce qui peut être
relié à l'hypothése du "gène économe en énergie": dans son biotope, la pauvreté de
l'alimentation de l'animal rend inutile une forte sensibilité à une molécule qui a pour principal
effet de limiter la prise alimentaire.
UNE ATTEINTE GENERALISEE DES VAISSEAUX SANGUINS
Les vaisseaux sanguins de Psammomys montrent un ensemble d’affection variées
caractéristiques d’une atteinte vasculaire d’origine diabétique. Les atteintes des capillaires sont
obtenues uniquement par un régime hypercalorique chez les animaux développant alors un
syndrome diabétique. Par contre, la mise en évidence et l’étude de l’athérosclérose d’origine
en partie diabétique chez cet animal nécessite une complémentation du régime alimentaire de
1 % en cholestérol, voire l’utilisation transitoire d’un anti-thyroïdien tel que le mercaptométhylimidazole
Micro-angiopathie
Ces affections se développent a long terme, chez des animaux obèses,
hyperinsuliniques. La lame basale des capillaires cutanés s’épaissit. Les animaux devenant
par la suite insulino-requérants, les muscles squelettiques et le myocarde sont également
affectés. Les capillaires sont lésés, des fibroses ischémiques se développent. Au niveau
rénal, la capsule de Bowman et les capillaires glomérulaires voient leur membrane basale
épaissie, puis des lésions tubulaires et une nécrose glomérulaire se développe. Enfin, bien
que le Psammomys ne montre pas trace de rétinopathie diabétique, la cataracte affecte la
plupart des animaux.
Macro-angiopathie
Les lésions athéromatheuses ne sont obtenues chez le Psammomys au niveau du
tronc aortique qu’après de longs mois de régime. Bien qu’une hypercholestérolémie soit
obtenue en un mois et demi, aucun dépôt lipidique artériel significatif n’est décelable au
troisième mois de régime. Trois mois plus tard, des lésions athéromatheuses sont plus nettes
mais il faut 9 mois de régime pour obtenir des altérations caractéristiques avec fibrose, foyers
surinfectés et adventices fortement infiltrées. On observe alors des zones fissurées avec
anévrismes et diffusions hémorragiques. Cependant, la nature et l’étendue des lésions
observées varient beaucoup avec les individus, et l’on ne peut relier hypercholestérolémie et
gravité des atteintes qu’après 6 mois de régime. Ces lésions fibro-athéromateuses obtenues
tardivement sont en tout point comparables à celles observées chez l’homme diabétique, et
dont le potentiel de morbidité est très élevé.
Questions ouvertes:
Toutes les gerbilles adaptées à un environnement désertique présentent elles les
mêmes caractéristiques métaboliques que Psammomys, comme par exemple la gerbille de
Mongolie qui est un autre modèle animal de diabète NID ?
Puisque le métabolisme de cet animal subit des variations saisonnières, les captures
en milieu naturel à une seule époque ne constituent elle pas une source d'instabilité des
résultats obtenus ? Un élevage donnerait alors des résultats sinon plus précis, du moins plus
reproductibles. Des résultats satisfaisants ont été obtenus en ce sens. La capture des
animaux sauvages doit donc être considérée comme un pis aller.
Qu’en est il de la variabilité génétique de l'insulinorésistance caractéristique de
Psammomys? Peut on observer des transmissions héréditaires à ce niveau? Peut on
développer et fixer une souche particulièrement intéressante? Deux souches différentes de
Psammomys qui ne présentent pas la même réponse pancréatique au glucose ont déjà été
caractérisées. Il serait intéressant d’étudier les différences entre ces deux souches à l'échelon
moléculaire.
http://www.exobiologie.info/diabete/31%20Psammomys.pdf